Armance, femme, médecin (et mère) de famille
2 Octobre 2013
Vous arrivez à votre cabinet le matin, un jour où votre associé est absent. En arrivant, pendant que vous vous servez un café en allumant l'ordinateur, la secrétaire vous informe qu'elle a au téléphone Ginette , une patiente de votre associé dont vous avez vaguement entendu parler dans des courriers mais que vous ne connaissez pas personnellement. Ginette, qui vient habituellement au cabinet, est malade, voudrait bénéficier de vos services mais estime qu'elle ne peut se déplacer.
Si vous insistez pour lui donner un rendez-vous à votre cabinet dans l'après-midi, en lui enjoignant de trouver un moyen de se faire conduire, allez en 2.
Si vous prévoyez de passer chez elle en début d'après-midi, allez en 1.
Si vous lui proposez de patienter jusqu'au retour de votre associé le surlendemain, allez en 2.
Si vous lui dites que vous passerez quand vous aurez le temps, allez en 4.
Vous prenez enfin la route pour vous rendre chez Ginette.
Si vous comptez utiliser un GPS, allez en 17.
Si vous avez recopié sur un post-it les indications de Ginette ainsi que son numéro de téléphone, allez en 18.
Ginette rappelle en fin d'après-midi: elle ne se sent vraiment pas bien, et n'a trouvé personne pour la conduire au cabinet.
Si vous décidez de passer la voir après la consultation, allez en 4.
Si vous insistez pour qu'elle patiente jusqu'au surlendemain, allez en 5.
Vous arrivez chez Ginette à quatorze heures. Vous vous garez devant le portail, sortez de la voiture sous la pluie, et commencez à bidouiller la poignée du portail pour l'ouvrir. Vous vous rendez compte que la clef est dessus, mais à l'intérieur. Après quelques manipulations, vous parvenez à pénétrer dans le jardin, quand un chien arrive et se jette sur vous.
Si vous vous protégez avec votre sacoche, allez en 6.
Si vous réalisez que vous n'avez pas fermé votre voiture et que vous actionnez la condamnation centralisée, allez en 7.
Il est vingt heures trente, vous êtes crevé, vous avez faim, vous en avez marre, il fait nuit, il pleut et vous sortez pour aller chez Ginette. Comme il fait nuit et que sa maison n'est pas connue du GPS, vous tournez un bon moment avant de la trouver.
En arrivant, vous constatez qu'elle a fait attacher le chien, c'est déjà ça.
Vous la trouvez fatiguée, fébrile, elle tousse beaucoup et expectore mal. Elle est essoufflée, a du mal à parler, tachycarde, vous lui faites un dextro, elle a une glycémie à 3g/l. Comme elle est seule au moins jusqu'à demain, que la pharmacie est fermée, et qu'elle a l'air vraiment pas bien, vous négociez avec elle la nécessité d'une hospitalisation, appelez le 15 pour prévenir les urgences et leur demander d'appeler une ambulance sur la garde. Vous faites un courrier pour le médecin des urgences, un bon de transport, une feuille de soin, vous remplissez un chèque de son chéquier qu'elle signe, et attendez l'ambulance.
Vous partez après le départ de Ginette à vingt-et-une heures quarante-cinq, et vous ressentez une prenante envie de changer de vie.
Une voisine de Ginette appelle pour dire qu'elle a appelé son médecin traitant à elle, qui va venir, lui. Elle fait part à la secrétaire de son mécontentement et de la suggestion à Ginette de changer de crèmerie.
Le chien vous tourne autour en aboyant, et se dresse en essayant de mettre ses grosses papattes pleines de boue sur votre pantalon. Vous avez beau essayer de vous protéger avec votre sacoche, il vous en met partout et vous fait tourner sur vous même une dizaine de fois entre le portail et la porte d'entrée, que vous finissez par atteindre. Vous sonnez alors qu'il macule l'arrière de votre pantalon.
Allez en 8.
Surpris par le couinement et l'allumage des clignotants de votre voiture lorsque vous la fermez à clef, le chien se détourne de vous et part vers le portail. Il fait demi-tour quelques secondes plus tard pour revenir vers vous. Vous actionnez de nouveau la condamnation centralisée de la voiture, et il retourne vers les clignotants. Vous renouvelez l'opération plusieurs fois, le temps pour vous d'atteindre la porte d'entrée sans encombre et de sonner.
Allez en 8.
Vous essayez d'ouvrir la porte, qui est fermée à clef, et Il s'écoule un long moment avant que vous n'entendiez le frottement lent et régulier des pantoufles de Ginette sur le sol, alors que vous voyez son ombre apparaître à travers le verre dépoli de la porte d'entrée. Vous entendez alors une quinte de toux très longue, que vous devinez laborieuse. La porte s'ouvre après deux tours de clef dans la serrure, et vous vous engouffrez à l'intérieur, trop content d'échapper enfin à la pluie et au vent. Ginette vous salue poliment, vous remercie de venir en insistant sur le fait qu'elle n'a pas l'énergie de prendre la voiture, et qu'elle s'est sentie mal après une quinte de toux ce matin. Vous réalisez que vous avez oublié de lire en détail son dossier au cabinet avant de venir. Vous vous souvenez juste qu'elle est peut-être diabétique.
Elle vous invite à vous installer dans la cuisine, où attendent sur la table en Formica, à côté d'un vase avec des fleurs synthétiques, un carnet de chèques et une boîte d'oeufs.
Si vous commencez par la questionner sur ses antécédents, allez en 9.
Si vous commencez par lui demander ce qui lui arrive aujourd'hui, allez en 10.
- Mais d'habitude, je vais bien, Docteur, j'ai pas de problème. C'est depuis hier, je tousse, je suis fatiguée et j'ai des frissons. Je ne suis pas bien, c'est pour ça que je vous ai fait venir.
Si vous l'examinez, allez en 12.
Si vous lui demandez ce qu'elle prend comme traitement au long cours, allez en 11.
- Je ne sais pas ce que j'ai, j'ai du attraper froid dimanche, je tousse depuis hier et je pense que j'ai de la fièvre. J'ai pris des FEBRILEX, mais ça s'arrange pas. Et je crache des glaires, aussi, ils sont jaunes et épais. J'ai pris du sirop, mais ça y fait comme la croix derrière un mort.
Après avoir pris le temps de la laisser expliquer ce qu'elle ressent, vous décidez d'avancer.
Si vous l'interrogez sur ses antécédents, allez en 9.
Si vous l'examinez, allez en 12.
Si vous l'interrogez sur sont traitement au long cours, allez en 11.
- Des cachets, j'en prends, mais je ne sais pas les noms. Rrrrrrr kof kof kof Il y en a un gros que je prends aux repas, un le matin pour le coeur et un qu'on découpe en quatre le soir. Mais alors qu'est-ce que je suis pas bien!
Si vous lui demandez à voir l'ordonnance ou les boîtes de médicaments, allez en 13.
Si vous pensez avoir deviné en gros le type de traitement qu'elle prend et que vous voulez l'examiner, allez en 12.
A l'examen, elle est fébrile, a des râles bronchiques, une bonne tension, et n'est pas trop essoufflée.
Vous concluez à une bronchite.
Vous lui expliquez ce qu'elle a, la rassurez sur le fait que ce n'est pas trop grave mais qu'il faut s'en occuper, et vous lui expliquez comment vous allez la traiter.
Si vous ne l'avez pas encore questionnée sur ses antécédents et son traitement, allez en 14.
Si vous l'avez déjà fait, allez en 15.
- Ah la la! Je crois que j'ai jeté l'ordonnance, je suis perdue, je suis fatiguée, je ne sais pas où je l'ai mise. Et les médicaments, ils sont en haut dans ma chambre, mais vous ne pourrez pas les trouver avec tout ce fourbi. Et je ne me sens pas de remonter maintenant, je suis tellement fatiguée. Regardez comme je tousse: Aaaarrrrrgh kof kof kof, ça a été toute la nuit comme ça. Je n'ai pas dormi.
Allez en 12.
Vous lui expliquez que, pour ne pas faire de bêtise avec les médicaments, vous avez besoin de connaître ses soucis de santé et son traitement habituel.
- J'ai un traitement parce que je fais un peu de sucre, et aussi pour le coeur. Les médicaments sont en haut, mais j'ai peut-être encore l'ordonnance.
Après une fouille d'une pile de papiers sur un meuble dans l'entrée, assortie d'une quinte de toux retentissante, elle exhume une ordonnance datée d'il y a trois mois.
- C'est la même, le Docteur n'a pas changé les médicaments.
Vous y trouvez un anti-diabétique oral, un anti-hypertenseur et un anti-coagulant en comprimés quadri-sécables, connu pour ses intéractions pharmacologiques nombreuses, mais pas insurmontables pour qui prend quelques précautions.
Et elle ajoute en parlant fort et en articulant bien:
- Et il parait que je suis allergique aux pénicillines. je ne sais pas ce que c'est, je ne sais pas ce que ça fait, mais on m'a dit de le dire, alors je le dis. Je ne sais pas si ça peut vous intéresser.
Fort de cette information, vous décidez de prescrire un antibiotique qui ne soit pas une pénicilline, qui soit compatible avec son anticoagulant, et efficace sur sa bronchite. Elle précise qu'elle doit faire la prise de sang pour contrôler l'effet du traitement anti-coagulant dans quatre jours, et vous vous dites que ça tombe très bien.
Vous assortissez votre prescription d'une ordonnance pour des séances de kinésithérapie respiratoire à domicile. Elle vous dit qu'elle en avait eu la dernière fois, et que ça l'avait aidée.
Vous passez viteuf un petit coup de fil au kiné avec le téléphone fixe de Ginette, et ce dernier vous dit qu'il est OK pour passer cet après-midi lui faire une séance de drainage bronchique.
Vous regardez votre montre: vous êtes en retard, vous devriez déjà être au cabinet, mais bon, on a l'habitude, ça se saurait si les généralistes étaient tous à l'heure.
Allez en 16.
Vous vous dites qu'à ce qu'elle dit, en gros, elle a peut-être un diabète et un traitement anti-hypertenseur, et qu'elle doit prendre un anxiolytique "qu'on coupe en quatre" le soir. Vous vous dites que, dans un cas comme dans l'autre, utiliser une pénicilline sera le plus simple, et devrait pouvoir la soulager.
Vous lui prescrivez, avec une ordonnance pour faire des séances de kinésithérapie respiratoire à domicile.
Vous regardez votre montre: ça va être pile-poil pour arriver au cabinet au début des consultations.
Allez en 16.
Elle vous remercie de vous être déplacé pour elle, car elle est maintenant rassurée.
Elle explique qu'une voisine va venir chercher l'ordonnance pour lui porter les médicaments dès cet après-midi, et vous demande par lesquels commencer.
Vous lui expliquez.
Elle vous fait faire le chèque et vous offre une douzaine d'oeufs.
Vous la remerciez et vous traversez le jardin sous l'oeil maintenant indifférent du chien, passez le portail pour rejoindre votre voiture, et retournez à votre cabinet.
Le lendemain, elle téléphone au cabinet.
Si vous êtes arrivé à l'heure en consultation après la visite la veille, allez en 19.
Si vous êtes arrivé en retard, allez en 20.
En vous rendant à PetitHameauDeGinette, vous réglez votre GPS, et vous vous rendez compte que ce dernier considère qu'il n'y a ni route ni maison pour se rendre chez elle. Vous vous en remettez à la secrétaire qui avait pris des indications par téléphone, mais vous circulez dans une zone que le réseau téléphonique ne couvre pas. La seule solution est de demander des indications.
Vous vous arrêtez dans une ferme où un homme âgé vous accueille. Vous lui demandez de vous indiquer comment vous rendre chez Ginette, et il vous répond:
- Vous êtes qui?
Vous lui expliquez, et il répond:
- Elle est malade, ou quoi?
Après noyage de poisson pour satisfaire l'interlocuteur en préservant un maximum de confidentialité, il accepte de vous dire que c'est la deuxième maison sur le chemin à droite après le pin parasol.
Vous décidez de suivre scrupuleusement ses indications, et allez en 3.
Vous suivez scrupuleusement les indications: "sur le chemin à la sortie de PetitHameauDeGinette, prendre à droite après le pin parasol, c'est la dernière maison à droite". Vous empruntez le chemin en question, et le suivez jusqu'au bout, pour déboucher sur un carrefour. Vous faites alors demi-tour, en vous disant que, pour Ginette, la dernière maison doit être la sienne, vu que c'est là qu'elle quitte le chemin chaque fois qu'elle rentre chez elle, et qu'elle ne tient pas compte du fait que le chemin continue ensuite. Il n'y a que deux maisons sur ce chemin, elles n'ont pas de numéro ni de nom sur la boîte à lettre, et vous tentez la première en venant de l'autre bout du chemin.
Allez en 3.
La secrétaire vous passe la communication:
- C'est Ginette, elle dit que c'est pareil, sauf qu'en plus, elle a plein de plaques partout qui grattent, elle n'en peut plus, elle veut savoir ce qu'il faut faire.
En écoutant la secrétaire, vous consultez le dossier de Ginette sur l'ordinateur, et c'est là que vous voyez écrit dans les antécédents "Phlébite" et "allergie aux pénicillines". Et là vous échappe cette phrase:
- Putain, merde, il faut que j'y retourne. Dites-lui que je vais passer.
Vous commencez vos consultations à l'heure, en vous disant qu'il va falloir vous trouver un créneau pour aller chez Ginette.
La secrétaire vous passe la communication:
- C'est Ginette, elle dit qu'elle est un peu moins essoufflée mais qu'elle a toujours de la fièvre, elle veut savoir si c'est normal et si elle doit continuer comme ça.
Vous prenez la communication, rassurez Ginette, qui semble moins gênée par sa toux, et lui expliquez qu'il faut continuer comme ça et ne pas oublier de faire la prise de sang dans les jours qui viennent, et de rappeler si elle a toujours de la fièvre après-demain.
Vous commencez vos consultations avec sept minutes de retard.