Armance, femme, médecin (et mère) de famille
20 Octobre 2014
La rentrée passée, quelques semaines de collectivité, et voici le grand retour des petits dans les cabinets de médecine générale!
Ils ne sont pas toujours motivés pour venir nous voir, alors leurs médecins et leurs parents s'accommodent pour rendre le temps de la consultation le plus agréable ou le moins désagréable possible, c'est selon.
A chaque famille son médecin, et les illustrateurs de livres pour enfant sont là pour aider les petits à apprivoiser ce qui va advenir d'eux.
Mon fauteuil n'est pas si confortable que celui de ce médecin. Il est surtout planqué derrière mon bureau, mais chez moi aussi, retirer ses chaussures est un préalable.
En revanche, je n'accepte pas encore les animaux vivants dans mon bureau, même munis d'un stéthoscope.
Un microscope trône sur le bureau, peut-être pour se donner la possibilité de diagnostiquer des infections à trichomonas directement au cabinet. J'avoue ne pas en être équipée.
Ce médecin grisonnant a affiché son diplôme sur le mur. Personnellement, il m'a fallu dix ans pour réapprivoiser les locaux de la fac et aller chercher le mien.
Emma va chez le Docteur, ou en tous cas est en train de se préparer psychologiquement à y aller en jetant son dévolu sur un mouton avec la mallette offerte par le père Noël en échange de sa sucette en caoutchouc en décembre dernier.
Les sparadraps de couleur, c'est rigolo, mais Maman risque de se lasser de devoir en décoller des meubles et de l'écran de télévision.
Caillou a un médecin compréhensif ou phonophobe, qui préfère l'ausculter dans les bras de sa mère pour éviter les chouinements parasites.
En revanche, en plus d'une alopécie andro-génétique, il semble avoir le don d'entendre clairement à travers les tee-shirts, à moins qu'il n'ait fait le diagnostic de rhinophayngite au coup d'oeil ou son de la toux dès la salle d'attente.
S'il a pesé Caillou, ce sera tout habillé avec le bob et les chaussures.
A noter que Caillou est le seul dont on voie un parent mais pas de Doudou: Maman fait office de Doudou, à moins que ce ne soit l'inverse.
Le Docteur de Léo est, comme disent pudiquement nos politiques, "issu de la diversité", et Léo s'en fiche complètement, il rigole avec lui, il le trouve très sympa.
Ca ne l'empêche visiblement pas son médecin de se donner de bonnes conditions pour palper son ventre: Léo est déshabillé, allongé, détendu.
La Maman de Léo a pensé à lui amener Popi qui le sauve de n'importe quel désarroi, commente, et permet à son médecin de l'examiner dans le calme.
Dora l'exploratrice a tellement bien exploré le cabinet de son médecin traitant qu'elle a réussi à lui chourrer un stéthoscope, et commence le travail elle-même, par dessus son tee-shirt. A noter qu'elle a escaladé la table d'examen sans enlever ses chaussures.
Elle a bien pris le dessus et demande à son médecin de prendre en note sur un carton les caractéristiques de ses bruits du coeur qu'elle lui dicte elle-même. A croire qu'elle s'est trouvé une bonne secrétaire!
A ce stade, on ne voit pas encore si elle a prévu de lui dicter l'ordonnance.
Prune et Léo sont des aficionados de la consultation: même pas peur. Ils s'installent (avec Doudou) sur la table, Léo assis en tailleur, et Prune debout et accoudée, aux premières loges pour voir examiner et éventuellement piquer son frère.
Leur médecin est assise sur un tabouret pour être à leur hauteur, ça donne un peu de connivence, et évite d'avoir le dos moulu en fin de journée.
Contrairement au médecin de Dora, celle de Prune et Léo n'est pas en blouse car elle considère que l'habit ne fait pas le moine, mais s'est attaché ses cheveux: ce qui est obligatoire dans les métiers de bouche est simplement recommandé chez les médecins.
Le médecin de Petit Ours Brun a un collier de perles autour du cou: Elle est bien de sexe féminin.
Même dans les livres pour enfant, il semble qu'elles soient en passe de devenir majoritaires!
Le Docteur Lion qui s'occupe de Chamalo ne fait pas que l'examiner et le peser, il le mesure aussi.
Il vient de faire une formation passionnante sur le dépistage et la prise en charge de l'obésité chez les enfants et les ados, et s'applique à calculer au fur et à mesure les IMC de ses patients et remplir les courbes de croissance en mordillant sa langue.
Il regrette que les budgets alloués à ces formations fondent comme neige au soleil, ne lui permettant bientôt de n'être indemnisé que sur une journée par an.
Il devient supervénère quand les parents oublient les carnets de santé, et grimpe aux rideaux quand ils se justifient en disant: "de toutes façons, le Docteur, il met jamais rien dedans". Et pour cause...
Bob l'éponge va aller chez le Docteur, il n'y est pas encore. On le voit au lit, et on peut rien qu'à son attitude, diagnostiquer déjà, à son âge, la véritable "grippe d'homme" ou alors une vraie "maladite": sourcils en accent circonflexe, paupières alourdies, cernes oculaires, coins de lèvres attirés irrésistiblement vers le bas, mais surtout grosse couverture sur le dos et innombrables mouchoirs qui jonchent le lit et bientôt le reste de la pièce.
Le médecin de Petit Lapin Blanc le regarde avec une attitude très satisfaite: pour une fois, il reçoit un lapin qui finalement vient vraiment.
Le médecin de Tchoupi est l'un des rares qui n'exerce pas en blouse: il garde son imperméable.
En réalité, Tchoupi est arrivé alors que son médecin était sur le point de quitter le cabinet, et ce dernier a accepté de le voir devant le regard en détresse de ses parents qui lui ont lâché un "le pédiatre ne peut pas le prendre, et on va quand même pas aller aux urgences à c't'heure-ci pour ça...".
Cette patiente anonyme a l'honnêteté de livrer le fond de sa pensée, et de nous montrer ce qui risque d'advenir, même avec un soutien psychologique exercé par sa poupée.
Elle a bien saisi que quand son médecin lui dit "je vais regarder ta gorge", elle ne lui demande pas son avis, elle lui prédit l'avenir. Alors, en attendant, elle essaye avec ses parents de voir si une négociation est encore possible.
Camille a carrément passé la vitesse au-dessus: non contente de jouer avec un Nounours les séquences de l'examen, elle se lance dans l'administration d'une injection à un ours, visiblement pas motivé. Elle semble même y prendre un malin plaisir.
Une brillante carrière s'ouvre peut-être à elle.
L'avenir nous le dira.
Il est clair que quand on est petit, se laisser examiner par un ou une inconnue sur une table, ce n'est pas donné à tous.
Alors comme tous les moyens sont bons pour rendre ce moment le moins déplaisant possible, on peut se dire que pour préparer les petits à venir voir leur médecin, en plus de leur faire baisser la fièvre s'ils en ont, emporter des couches propres, des habits faciles à enlever et le Doudou, on peut simplement leur expliquer ce qui va leur arriver.
Quel que soit l'âge, un peu de lecture, ça ne peut pas faire de mal.